Mercedes Me : Vous êtes l’un des fondateurs de Mob-Energy, pouvez-vous expliquer à nos lecteurs la genèse de votre start-up ?
-
SALIM EL HOUAT :
« Durant mes études à l’école d’ingénieurs INSA Lyon, j’ai rencontré Ilyass Haddout, expert en génie mécanique et inventeur de notre concept, devenu directeur technique de Mob-Energy. Tout a commencé par notre participation à un concours d’innovations sur la problématique de la recharge en 2016. À l’époque, on commençait seulement à voir des bornes dans les rues et on s’est vite rendu compte qu’elles nécessitaient des travaux d’infrastructures très lourds et coûteux. On a donc imaginé une solution très flexible : un camion qui pourrait stocker des batteries. Nous n’avons pas remporté le concours mais notre projet a continué à mûrir. Nous étions toujours étudiants et convaincus que ce serait une hérésie environnementale d’utiliser des batteries neuves dans notre dispositif. Ilyass a pensé à un robot chargeur. C’est à ce moment-là aussi que Maxime Roy a rejoint l’aventure. À trois, on a tenté, en dernière année de l’INSA, une expérience entrepreneuriale. Pour des ingénieurs, je peux vous assurer que c’était le grand saut dans l’inconnu. On a appris à construire un business plan, à s’intéresser aux législations en vigueur et même à se familiariser aux questions d’aménagement public. Notre ténacité a fini par payer et on a créé officiellement notre entreprise en 2018. Grâce au soutien de Business Angels lyonnais, nous avons financé un premier prototype de robot puis on a bénéficié de quelques subventions. Et, dès 2020, on a fait une vraie levée de fonds de 2 millions d’euros. ».
Revenons concrètement à ce robot Charles, quel est son mode de fonctionnement et quels sont ses principaux atouts ?
-
SALIM EL HOUAT :
« On est parti du postulat de base qu’un véhicule électrique se rechargeait soit à la maison, au travail ou dans des parkings publics. Mais qu’il y avait un frein dans le paysage urbain au déploiement de ces bornes car elles ne sont pas optimisées et ne servent parfois qu’une heure par jour. Notre idée repose sur un robot avec un seul câble raccordé au réseau et donc de partager ce câble auprès d’une flotte. En clair, le robot prend de l’énergie sur le réseau et la transfère à la voiture 1 puis 2 pour revenir sur le réseau et recharger la voiture 3 et 4, ainsi de suite. Avec un seul raccordement, Charles est capable de densifier le maillage du réseau de recharge, sans travaux d’infrastructures lourds et sans monopolisation des places de parking. Un seul câble raccordé au réseau suffit alors pour déployer une solution flexible sur tout un étage et recharger une vingtaine de voitures par jour (pour une moyenne de 7,5kWh délivrés par véhicule sur une journée de 12h). On a déjà installé notre robot, entre autres, chez EDF, chez bioMérieux, Véolia, à Strasbourg et aujourd’hui chez Mercedes-Benz. Tous les mois, un robot Charles est placé sur un nouveau site, on débarque prochainement à Anvers en Belgique. Avec Mercedes, nous avons eu la chance de rencontrer en la personne d’Hervé Poquet un interlocuteur particulièrement réactif, qui a compris tout le potentiel d’expansion de notre concept. ».
À quoi ressemble aujourd’hui l’entreprise Mob-Energy ?
-
SALIM EL HOUAT :
« On est basés à Lyon et on emploie une trentaine de personnes. On assemble directement nos systèmes avec des techniciens en interne pour une vingtaine de clients, essentiellement des grands comptes et des opérateurs de parking. Nous disposons de bureaux, d’un atelier et d’un laboratoire. Nous sommes au tout début de notre existence en tant qu’entreprise innovante. J’ai l’habitude de dire que nous sommes aux portes de l’industrialisation. C’est déjà un beau parcours depuis 2016 et, en plus, Mercedes-Benz nous fait confiance ! Après le robot autonome Charles, le Cube de puissance Evy, lancé en 2022, est notre nouvelle solution efficiente et durable en matière de recharge groupée à destination des entreprises et des établissements publics comme des parcs de stationnements. »
C’est donc vous l’homme providentiel, parlez-nous de cette collaboration avec Mob-Energy…
-
HERVE POQUET :
« Un jour, nous avons pris contact avec eux. Leur système nous semblait très intéressant. Nous avions des intérêts communs. Mercedes Energy nous a accompagnés durant toute la phase de préparation afin que nos batteries de seconde vie soient compatibles avec Charles. Ce fut un long processus d’échanges et, le 16 décembre 2021, je m’en rappellerai toujours, l’aventure a enfin commencé. On pouvait réellement travailler ensemble, on avait trouvé les bons modules, tous les pions de l’échiquier se mettaient en place. Avant tout, nous souhaitions que ce robot soit concret et qu’il puisse nous servir de vitrine technologique. Dans l’environnement professionnel, la puissance électrique est souvent sous-estimée. Nous sommes fiers d’écrire cette nouvelle histoire. Nous voulons emmener Mob-Energy encore plus loin. Il y a des marchés à explorer et à conquérir, de véritables synergies à créer entre nous. Nous souhaitons continuer à grandir ensemble. On a plein d’idées. Promouvoir l’économie circulaire est aujourd’hui une nécessité absolue. Avec Mob-Energy, on sait déjà faire du stockage et optimiser la seconde vie. Il y a un côté vraiment enthousiasmant d’œuvrer dans une même direction. Vous savez, Mercedes-Benz est très en pointe dans le domaine de la batterie de seconde vie. Notre mission est d’accompagner l’entreprise et nos clients B to B dans l’écosystème électrique, ça veut dire être sur tous les fronts, de la carte de recharge aux batteries de seconde vie en passant par la formation des vendeurs sur la thématique de la recharge. Nous sommes juste au début d’une longue aventure. »
Lisez aussi notre article sur partenariat entre la start-up Mob-Energy et Mercedes-Benz